Petite bio de Francis que vous pouvez retrouver sur mon blog!
C'est l'histoire d'un petit juif (il n'excédera jamais le mètre 77), éternel jeune premier romantique, aux yeux bleu glacier toujours un peu dans le vague, pilier du cinéma français.
Francis "Francisco" Huster naît le 8 décembre 1947 à Neuilly, charmante ville dans la banlieue parisienne (92).
Il a un frère et une soeur.
Il est né aveugle. On l'opère au quinzième jour de sa vie, et il en restera à jamais myope. Il porte depuis sa quinzième année des lentilles de contacts qui font que son merveilleux regard est toujours plongé dans le vague.
C'est sa tante, puis sa grand-mère polonaise qui l'initie au cinéma.
Il abandonne ses études de médecine pour entrer au conservatoire municipal du 17e arrondissement. A l'époque, c'est un certain Florent qui dirige les lieux. C'est un professeur dur, qui exige le meilleur de ses jeunes élèves, mais pour la bonne cause : qu'ils deviennent les meilleurs acteurs français.
Durant ces années de labeur, Francisco se fait trois amis qui seront pour lui comme des frères : Jacques Spiesser (qui sera à ses côtés dans la saga [s]Zodiaque [/s]et dans la prochaine série co-scénarisée de Francis, [s]Le vrai coupable[/s], où notre héros national joue un commissaire (encore? Oui, mais c'est pour le plaisir!), et actuellement à l'affiche dans [s]Hors de Prix[/s], avec Gad Elmaleh, de Pierre Salvadori et [s]Mon Meilleur Ami[/s], avec Dani Boon, de Patrice Leconte), Jacques Weber et Yves Le Moign', son miroir dans [s]Mémoires d'un Tricheur[/s], adapté de Sacha Guitry et mise en scène par Francis Huster lui-même.
Puis, monsieur Florent quitte le navire. Francis le suivra. Il fonde le Cours Florent, école de renomée désormais internationale, et qui a vu défiler les plus grands (Claire Keim y fera un bref séjour, mais n'aimera pas la discipline imposée par le maître Florent). Francis tombe fou amoureux du théâtre.
Alors, Francis dit à sa famille : Je serai acteur!
Et personne n'alla le contredire. Et ils avaient bien raison, et lui en premier!
Francis incarnait le rêve de sa famille, qui était elle aussi, entièrement fondue de cinéma.
Francis s'emballe. Il travaille comme un fou, s'engageant dans le théâtre à corps et âme perdus. Tout comme sa future idole, Sacha Guitry.
Francis se fit le Cours Florent et la Rue Blanche. Il enchaîna avec le conservatoire d'art dramatique.
Francisco Huster acquit son image de jeune premier. C'est vrai que c'est le plus jeune, le protégé de René Simon. Il gagne du galon et ses lettres de noblesse. On l'aime, le Francis. Il est beau, il joue comme un Dieu, il travaille à fond... Il impressionne tout le monde, même ses professeurs. Peut-être va-t-il même un peu loin, car il est recalé par les membres du jury (je ne dirais pas ce que je pense d'eux, mais j'ai la haine), pour la cause suivante : "trop de personnalité".
Francis ne laissera pas passer ça. Il a les boules et ça se ressent. Il va redoubler d'ardeur et avec son ami Spiesser, il va montrer à ses maîtres ce dont ils sont capable. Ils vont monter une pièce ensemble. Ce sera un remake de Jacques le fataliste.
Ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que non seulement il va bluffer ses professeurs, mais il va aussi devenir Francis HUSTER au reste du monde.
Ils obtiennent de jouer dans la grande salle. Ils font un carton. Une journaliste se trouvait là. Elle aussi est tombée amoureuse du style des deux jeunes gens. Et elle l'écrit. Elle livre un excellent article.
Francis et Jacques dament le pion à leurs maîtres.
Trois représentations de Jacques le fataliste. Trois triomphes. Tous les ans, dorénavant, les élèves montent une pièce dans cette même salle.
On ne refuse plus rien à Francis Huster. On lui donne du monsieur.
Il rafle trois prix. Trois premiers prix. Celui de la Comédie classique, de la Comédie Moderne et du Théâtre étranger.
Le deuxième Jacques, Weber, remporte, lui, la consécration suprême, le prix d’Excellence, ce qui est bien évidemment rare au conservatoire.
C’est aussi au conservatoire que Francis découvre Sacha Guitry. Il tombe alors immédiatement amoureux du style si particulier du maître, de son jeu d’acteur incroyable. Il l’aime tellement qu’il a envie de le crier. Il réalisera son souhait plus tard, avec son livre Sacha le Magnifique, ode au prodige français. Il brossera un tableau parfait de Guitry, ses heures de gloire, ses malheurs, avec les femmes, notamment. Il passera des jours dans les brocantes parisiennes pour dénicher la perle rare, à lire tout ce qui a été écrit sur lui.
Dès lors, c’est la gloire. On ne refuse plus rien à Francis. Il devient l’étoile montante du cinéma. Pourtant, à partir des années 80, il délaissera le cinéma. Peut-être que c’est trop court pour s’immerger dans un rôle. Car Francis est un puriste. Il s’implique à fond dans chaque personnage. Il l’incarne avec toute sa puissance. Pour lui, les rôles dans les séries, comme celui de Maxime Fresnais qu’il incarnera dans trois saisons du Grand Patron (actuellement diffusé sur TV Breizh le mardi), ou du commissaire Antoine Keller, qu’il jouera dans deux saisons de Zodiaque, pour notre plus grand plaisir.
Mais c’est sur les planches que Francis est le mieux. Là il peut livrer en live ses performances, rechercher, un peu comme Lucien Guitry et Sacha, à être meilleur tout les soirs.
Francis ne joue pas sur scène : il vit. Et chaque soir, il renaît, tel le phoenix légendaire.
Francis a bientôt soixante ans. On ne l’a jamais vu aussi au top. Il est partout. Au cinéma, à la télé, au théâtre… Il dégage une telle énergie, une telle puissance, notamment dans Mémoires d’un Tricheur, roman puis film célèbre de Sacha Guitry, qu’il a lui-même mis en scène, au théâtre Henry VI et au théâtre des Mathurins. Il y campe LUI, un tricheur repenti, amoureux des jeux, ruiné, qui n’attend plus rien de la vie et à qui pourtant la vie à tout donné. Il donne la réplique à Yves Le Moign’, son miroir, son ami de toujours.
Alors oui, Francis Huster, on aime ou on n’aime pas. Sachez cependant que chacun de ses rôles ont étés forgés à la sueur et au sang de Francisco.
Parlera-t-on un jour de l’apogée du jeu de Francis ? Bien sûr que non ! Il a toujours été au sommet, il y restera. C’est aujourd’hui l’un des piliers les plus prolifiques et inventifs du cinéma français.
Malheureusement la gloire peut être éternelle, mais chaque homme est éphémère. Que dira-t-on quand Francis partira ? Saluera-t-on Juste Leblanc ? Le Commissaire Keller ? Max Fresnais ? Ou alors le fan absolu de Sacha Guitry ? Je l’ignore.
Tout ce que je sais c’est que je serai là, devant sa tombe. Je dirai :
- Au revoir, monsieur Huster, toi qui représente tellement pour moi. Toi qui incarnes la beauté du cinéma, l’élégance masculine, le charme d’un acteur hors norme. Tu pars en laissant derrière toi une orpheline. Tu pars en laissant tout le France orpheline. Je n’entendrai plus ta voix, si particulière, je ne verrai plus ton regard si mystérieux.
Je tomberai à genoux, le cœur déchiré.
- Adieu, Francis, toi qui était le meilleur d’entre tous. Toi qui étais pour moi comme un frère, comme un père, comme un amant. Adieu, chevalier de l’ordre du mérite. Tu as rejoint ton si cher Sacha, Molière, Marivaux, Beaumarchais et Shakespeare, tes idoles, que tu peux maintenant tutoyer. Adieu, Francis le Magnifique !
Mais pour le moment, ce funeste jour n’est pas arrivé. Donc je peux continuer à l’admirer. A aimer de tout mon cœur ce dieu du théâtre. Ce Roi qui tous les jours se bat pour conserver sa suprêmatie des planches. Ce petit juif qui est devenu l’un des plus grands prédateurs du cinéma.
Esther Keller, vendredi 5 janv. 07.
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Ven 5 Jan - 5:24
